# Saga de jeu vidéo

Il était une fois… Prince of Persia – partie 2

Un an à peine après la sortie de Prince of Persia, Jordan Mechner se remettait à la tâche et planchait déjà sur la suite de son jeu fétiche: Prince of Persia 2.

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voleur_bagdad.jpgA cette époque-là, notre penseur se nourrissait des autres jeux sortis entre temps dans le commerce comme Shadow of the Beast 2 sur Amiga: la beauté graphique du jeu et sonore influencera notre créateur dans la manière d’aborder son nouveau récit. Plus tard, il rencontrera également le français Eric Chahi, tout jeune auréolé de son Another World, qui avait lui-même repris la technique de rotoscopie utilisé par Jordan. Si son inspiration provient à l’origine des contes des Mille et Une Nuits, ce deuxième épisode sera surtout porté par la fascination de Jordan pour le film Le Voleur de Bagdad réalisé en 1940 par Mike Newell. Dans Prince of Persia 2, on retrouvera ainsi de nombreux éléments empruntés de ce film, allant du design du héros, de la palette des couleurs utilisée et des séquences clés comme la chevauchée dans les airs.

Le Prince du goûter

Quant à l’éditeur Broderbünd, galvanisé par le succès du premier épisode, celui-ci souhaitait faire de Prince of Persia 2 un titre précurseur dans le domaine CD, en rendant le titre compatible sur le dernier-né du constructeur Philips, le CD-I. Cette version bénéficierait des derniers progrès visuels comme des cinématiques, des voix digitalisés, des scrollings sur plusieurs plans, etc. Ceci afin de concurrencer les ténors du moment qu’était Wing Commander et King Quest V. L’éditeur avait prévu de sortir le titre pour les fêtes de fin d’année en 1991. Prince of Persia 2 représentait un pari risqué et le plus gros projet que Broderbünd ait pu produire depuis sa création, bénéficiant d’un budget énorme pour l’époque.

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Mais avant de devenir Prince of Persia 2: The Shadow and the Flame, Jordan avait appelé cette suite sobrement Prince of Persia: The Revenge of Jaffar. D’autres propositions de sous-titres suivirent comme The City of the Dead ou The City of Souls. Finalement, le choix fut arrêté sur The Shadow of the Flame qui reflétait le mieux l’intrigue du jeu.

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Le rêve bleu…

Prince_of_persia2_01.pngSans surprise, Prince of Persia 2 reprendra ce qui a fait le succès du premier: de la plateforme et des énigmes. Cependant, Jordan a voulu une dimension supplémentaire en travaillant l’histoire et l’aspect narratif du jeu, pour immerger encore davantage le joueur. L’animation conservera son côté réaliste et fluide. Outre un graphisme revu à la hausse et coloré, divers nouveaux éléments de gameplay furent ajoutés. Le prince tout comme ses ennemis disposent désormais d’une barre de vie qui apparaît lors des combats. De nouveaux cimeterres plus puissants font également leur apparition. La notion de temps qui ajoutait sa dose de stress est de retour mais de façon plus permissive. Enfin, des cinématiques sous forme d’illustrations achèvent de développer l’aspect scénaristique du jeu. Quant à l’apparence du prince en lui-même, il fût directement inspiré de la nouvelle version Macintosh de Prince of Persia sortie en 1992.

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La ballade de Sinbad

ltf_resizeimg.php.pngOn retrouve notre prince tel qu’on l’avait laissé à la fin du premier épisode: après avoir délivré la princesse, tous deux fêtent leur mariage. Les jours heureux commencèrent à s’écouler jusqu’au jour où le prince, sortant momentanément du palais, voit soudainement ses vêtements se changer en guenilles. L’infâme vizir Jaffar avait à l’insu du prince pris l’apparence de celui-ci. Le véritale prince tenta de se justifier auprès de la princesse mais il fût pris pour fou par tous, Jaffar s’emparant du trône. Prenant la fuite, il se retrouve alors embarqué sur un bateau où il fait un étrange rêve: il y fait connaissance d’une mystérieuse femme qui lui annoncera qu’il n’est autre que le fils du sultan et que ses parents avaient été assassinés sur ordre de Jaffar. Pour mener sa vengeance, il lui faudra donc aller récupérer une flamme magique qui l’aideront à vaincre son ennemi. Pendant ce temps, le vizir avait instauré sa loi martial et plongé la princesse dans un sommeil profond.

busstop-1024x679.jpgContrairement au premier épisode, le développement du jeu ne reposa pas sur une seule personne. Jordan avait acquis le rôle de superviseur d’une équipe d’une quinzaine de personnes (qu’on surnomma la PoP Team) et travaillait par correspondance entre Paris où il avait décidé de s’installer et San Francisco où se trouvaient les bureaux de Broderbünd. Durant sa période parisienne, il fera la rencontre de nombreuses personnalités du jeu vidéo comme Frédéric Raynald, Paul Cuisset (Flashback), Eric Chahi, Richard Gariott ou le journaliste de Tilt, Danny Boolauck, avec qui il se liera d’amitié. Le développement de Prince of Persia 2 était particulièrement organisé: Jordan se chargeait ainsi principalement de la construction des niveaux et du suivi du manuscrit qu’il avait élaboré après Prince of Persia; la Pop Team s’attelait quant à elle à coder, produire les graphismes, animations et bande sonore sous la bienveillance de Jordan. En juillet 1993, après trois années de développement, le jeu sort enfin et en premier lieu sur DOS et Macintosh.

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Golden Prince

A sa sortie, le jeu est plébiscité par la presse spécialisée. Le magazine Joystiq lui attribuera la note de 90% et son Megastar. Avec 91%, Le magazine Génération 4 parlera de la qualité des graphismes, de l’animation impressionnante et des cinématiques réussies: la seule ombre au tableau semblant être la difficulté jugée comme excessive. Ce qui ne l’empêchera pas d’obtenir le prix de meilleur jeu d’action sur micro ordinateur en 1993, décerné par Génération 4 et la Fnac.

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Test de Prince of Persia 2 dans l’émission Micro Kids

Ce n’est que bien plus tard que cet épisode verra le jour sur console Super Nintendo, dans une version revue par l’éditeur français Titus. A noter enfin que le jeu figure en bonus dans les versions américaines et japonaises de PoP: Les Sables du Temps sorties en 2003 sur Xbox.

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Dernière anecdote: déjà en 1992, Jordan Mechner rêvait de réaliser le film de POP. Avec un budget qu’il estimait à 20 millions de dollars et se chargeant lui-même de la réalisation, la sortie du film devait coïncidait avec la sortie du jeu POP 4 aux alentours de l’été 1996. Vous connaissez la suite de l’histoire…

Bonus spoil: pour ceux qui n’auraient pas la patience de refaire cet opus, découvrez le dénouement de l’intrigue de Prince of Persia 2!

A lire: Il était une fois… Prince of Persia – partie 1

Source:

à suivre

Commentaires

2 réponses à “[Saga de jeu vidéo] Il était une fois… Prince of Persia – partie 2”

  1. maspalio dit :

    Excellent dossier , j’ai aimé sa lecture !

  2. KrS dit :

    Petite précision, Mike Newell n’a pas réalisé Le Voleur de Bagdad car il n’était pas encore né ;-). C’est Michael Powell le réalisateur 😉

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