La science-fiction est un genre à part dans le sens où elle permet à ses auteurs de nous dépeindre un futur plus ou moins alléchant. Et au titre des futurs très alléchants, Hamilton se pose en maître absolu. L’Aube de la Nuit est sans doute sa meilleure trilogie, et croyez-moi, ce futur-là, il me tarde d’y être.
L’humanité a, comme à son habitude, colonisé tout plein de planètes et de géantes gazeuses un peu partout dans l’univers. Hamilton n’est pas un auteur de « hard-SF » et à ce titre, il ne se soucie guère du réalisme technologique qu’il déploie dans ses romans. On trouvera donc dans les trois romans de ce cycle des vaisseaux spatiaux « mécaniques » dotés de capacités hyper-spatiales, des vaisseaux « organiques » doués de télépathie, des armes qui manipulent l’essence même du continuum espace-temps et pour faire bonne mesure, des morts qui reviennent de l’au-delà pour se venger. Et ils ne sont bien évidemment pas super contents. L’être humain du futur pourra choisir entre deux factions, soit les Édénistes doués du gène de l’affinité, la télépathie selon Hamilton, soit les Adamistes dont certains font de l’affinité une abomination. Entre ces deux extrêmes, vous pourrez devenir chasseur d’épaves spatiales ou bien partir coloniser une planète nouvellement terraformée afin d’échapper à la surpopulation terrestre et au climat devenu dingue .
L’histoire commence précisément sur une de ces colonies récemment ouvertes, où Quinn, un taulard qui purge sa peine comme esclave, va réussir à déchirer le tissu de la réalité au cours d’un rite païen particulièrement sanglant, et à faire se réincarner les morts dans le corps des vivants. Quinn va alors ourdir un plan démoniaque pour se réincarner lui-même et partir à la conquête de l’univers connu. Sur son chemin se dresseront différents héros, adamistes, édénistes et réincarnés, qui devront mettre leurs différences de côté afin de contrer les plans de Quinn et de son armée de réincarnés, parmi lesquels figure un Al Capone au top de sa forme.
L’univers de l’Aube de la Nuit est d’une richesse peu commune. Les auteurs capables d’une telle débauche d’idées sont rares, et encore plus rares sont ceux qui arrivent à conserver une telle cohérence de bout en bout. Il est difficile de résumer l’œuvre de Hamilton en ces quelques lignes, il me faudrait au moins dix pages rien que pour aborder le premier tome du cycle.
On pourra tout de même reprocher à Hamilton quelques facilités par moment, quelques longueurs, l’utilisation parfois à peine honnête de certains artifices d’écriture, mais force est de constater que ça marche, ça marche même foutrement bien.
Ha oui, à propos de ce futur très alléchant : Hamilton est un peu un obsédé sur les bords, et l’être humain du futur, quand il ne cherche pas à désintégrer son prochain à coup de bombes nucléaires, passe son temps à sauter sa prochaine. Quand je vous dis qu’il me tarde d’y être…
Le cycle se compose de trois volets : Rupture dans le réel, l’Alchimiste du neutronium et le Dieu Nu. Suivant les éditions, ces 3 volets se retrouvent divisés en 2 ou 3 tomes (honte aux éditeurs français sur ce coup). Si la lecture en anglais ne vous fait pas peur, allons donc faire un tour sur votre site web anglophone préféré pour y chercher « Night’s Dawn », on s’y retrouve très rapidement côté finances.
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