Ita L. née Goldfeld est un de ces coups de coeur qu’on ne voit pas arriver de loin. On s’intéresse à une pièce dont on nous parle avant sa sortie on lit le résumé de l’agence qui nous offre d’aller la voir, la petite étincelle se fait, on y file dès le début des représentations afin de pouvoir vous le faire partager si ça vaut le coup et là c’est le coup de coeur !
Attention. Ceci est une pièce d’à peine plus d’une heure, avec une mise en scène minimaliste et une seule interprète qui nous contera l’histoire d’Ita L. sous l’occupation à Paris. Tour à tour naïve, touchante, drôle, craintive son histoire nous est contée, vécue, lue avec une émotion qui va vous toucher jusqu’au entrailles et ça fait partie de ses qualités.
Les soeurs d’Ita qui comme elle ont fuit les pays de l’est déjà fortement antisémites à l’époque ne se sont pas contentées de l’ouest de l’Europe, de la France et de son égalité. Elles sont parties en Amérique, laissant une mer de distance entre elle et les horreurs commises à Odessa entre autre.
L’on rejoint Ita en décembre 1942 alors que la police et ce qui ressemble à un membre de la gestapo lui expliquent qu’elle a une heure pour faire sa valise avec ses affaires car elle va venir les suivre pour une simple vérification de papiers.
Peut être ont-ils des nouvelles du fils qui a fuit dans le sud ?
Après tout c’est vrai que depuis l’occupation, la petite étoiles jaune qu’on l’oblige à porter ne la dérange pas trop, enfin sauf quand certains commerçant refusent de lui vendre leurs produits. Et puis il se dit qu’on mets les juifs dans des trains pour leur faire dieu sait quoi dans l’est. Certains disent qu’on les tue mais Ita se demande bien pourquoi s’embêter à les faire voyager si c’est pour les tuer, autant le faire sur place non ?
Ita a une heure, ils reviendront la chercher à ce moment là. Elle partage sa vie, se prépare, réfléchit à haute voix, naïve parfois, lucide souvent. Ita nous innonde de ses sentiments de son quotidien, de son mari gazé pendant la guerre. Que ferions nous à sa place, qu’aurions nous pensé de cette invitation étonnante à plier bagage et à ne plus jamais revenir. Pourquoi les voisins ont-ils désormais peur de nous parler ?
Un spectacle dur, mais sublime. Un long monologue qui vous touche en plein coeur. Si la thématique ne vous effraie pas, si le minimalisme ne vous endort pas, alors foncez mais attention vous n’en sortirez pas indemne car Hélène Vincent qui interprète Ita va vous marquer au fer blanc de son expression d’ange, de son jeu de scène franc et simple.
Il se peut qu’elle en verse quelques larmes. Vous aussi.
Ita L. née Goldfeld à 19h au petit théâtre sur Saint Martin, depuis le 05 février 2013 et pour 60 représentations. Ticket et renseignements sur le site du théâtre du petit Saint Martin.