# Critique Ciné

Les Misérables

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On avait pourtant prévu d’y aller de longue date, avec pacte de sang entre copines et jurés-crachés solennels. Finalement, je suis allée voir Les Misérables en amoureux. Cher et tendre n’a pas rompu, mais à sa place, j’aurais hésité.

Le musical Les Misérables tourne depuis 1985 à Broadway, porté par quelques titres phares, cumulant des centaines de représentations à succès. En film, pourquoi pas ? C’était sans compter sur l’infâme moulinette du réalisateur du Discours d’un Roi, pourtant récompensé sans injustice pour son long-métrage. Trêve de fleurs, admettons la triste réalité : aussi talentueux soit-il, Tom Hooper a commis l’irréparable, le crime de lèse-Totor, l’infâme trahison musico-littéraire.

Grimaces et bave

Inutile de rappeler le pitch des Misérables : on suivra l’itinéraire de Fantine, fille-mère malheureuse, plongeant peu à peu dans la déchéance, pour assurer le bien de Cosette, alors aux mains des Thénardier, puis l’éducation de Cosette par l’ancien forçat Jean Valjean, jusqu’à son mariage avec le jeune républicain Marius.  On pleure beaucoup, surtout Fantine, filmée comme tous ses petits camarades en éternels gros plans : on ne nous épargne donc aucun trémolo dans la voix, aucun filet de salive, le tout immortalisé de près, sans que la caméra recule jamais. Cela avait commencé avec Jean Valjean, on continue joyeusement avec Fantine (Anne Hathaway, plutôt convaincante dans son rôle), et ce pendant toute la durée du film. Lassant, pas très plaisant à regarder, et manquant cruellement d’imagination en termes de réalisation.

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Trahison en chanson

Les fans de Victor Hugo souffrent autant que les mélomanes, notamment lorsqu’il s’agit  d’écouter le couple Thénardier. Sacha Baron Cohen et Helena Bonham Carter ne sont pas chanteurs, et cela s’entend malheureusement… Ils incarnent en outre plus un duo de farce théâtrale que les bourreaux d’enfants insensibles du roman. Tom Hooper prend ses aises avec Les Misérables, forçant le trait quand ça l’arrange, limitant les dégâts pour ne pas choquer – Fantine ne vend plus ses incisives, mais des molaires, plus pratique lorsqu’elle doit encore chanter en un énième gros plan. Et Gavroche dans tout ça ? Le pauvre enfant, dont on n’a aucune idée qu’il est le fils des Thénardier, n’a plus grand-chose d’un gamin de Paris. A sa mort, on lui supprime même sa chanson emblématique – un comble dans une comédie musicale – « Je suis tombé par terre, c’est la faute à Voltaire / Le nez dans le ruisseau, c’est à faute à… ». Traumatisme littéraire, vous dis-je.

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Et la musique dans tout ça ?

Au cinéma, les comédies musicales ont généralement le bon goût d’alterner passages joués, et souvent bien joués, avec des scènes chantées. Que nenni chez Les Misérables, où même les passages les plus planplan (les personnages se présentant les uns aux autres) sont chantés, au grand regret des amateurs de dialogues ciselés. Hugh Jackman (Jean Valjean) et Russel Crowe (Javert) font ce qu’il peuvent, Anne Hathaway s’en sort avec les honneurs, et les autres, nettement plus chanteurs, viennent relever le niveau. S’il n’y avait pas ces quelques titres qui ont fait le succès du musical, le désespoir nous guetterait : mais quelques morceaux de bravoure, dont la chanson de Fantine ou « On my own » suffisent à rattraper cette galère du naufrage complet.

[youtube]http://youtu.be/LAgbwmEphF4[/youtube]

Note sur 10 3
Amis de Victor Hugo, passez votre chemin. Les fans du musical de Brodway devront supporter l’ambiance caricaturale du film pour profiter de quelques belles chansons, pour peu que l’on aime un genre un peu pompeux.
  • Des images léchées
  • Quelques chansons bien interprétées
  • Une intrigue simplifiée à l’extrême
  • Trop de misérabilisme

à suivre

Commentaires

7 réponses à “[Critique Ciné] Les Misérables”

  1. Pras dit :

    Mouarf j’aime bien la moitié des acteurs , tu m’a déprimé, je vais devoir continuer à voir la pub d’Ice Tea

  2. Korz dit :

    Je n’ai pas vu le film, mais de ce que je lis de cette critique, il est basé sur la version anglaise des Misérables (et c’est logique).
    Et cette version UK/US est assez différente de celle qu’on connait en France. La chanson « La misère » de Fantine est remplacée par « On my own » de Eponine. Et la chanson de la mort de Gavroche n’existe plus.

  3. MasterLudo dit :

    J’ai tenu 45s de la bande annonce avant de chercher d’une main une paire de ciseaux pour me percer les tympans pendant que l’autre main cliquait à l’aveugle pour fermer le navigateur et m’épargner les esgourdes 😆 😆

  4. Bon certes ce n’est pas du tout le film de l’année mais moi je l’ai trouvé pas mal, à voir quoi qu’il en soit 8)

  5. Un chef d’œuvre musical, très particulier, Soit ont aime dès la première minutes ou alors on déteste, as chacun de se faire sa propre opinion.

  6. Il faut en effet aimée les films musicaux, je ne dirais pas forcement comédie musical… personnellement je ne suis pas très fan malgré les bons acteurs qui y figure… mais qui sait peut être un jour je le regarderais.

  7. Il faut aimer oui, si il ressemble a moulin rouge alors il doit etre bien ^^ 😀

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