Avec Internet, on a vu très tôt fleurir de multiples outils pour communiquer par le réseau. On se souvient de la tentative avorté de Canal + en 1997 de créer une communauté virtuelle appelé le Deuxième Monde. Trop en avance sur son temps diront certains. Aujourd’hui, les outils socio-communautaires en ligne se sont immiscés dans notre quotidien (Twitter, Facebook, etc.). L’idée d’être une autre personne au travers d’un avatar virtuel continue quant à elle à faire son chemin et c’est cet aspect que le réalisateur Gilles Marchand a souhaité évoquer dans sa nouvelle réalisation L’Autre Monde.
Gaspard et Marion coulent des jours paisibles comme tous les jeunes de leur âge dans le sud de la France. Jusqu’au jour où ils découvrent par inadvertance une voiture : à l’intérieur, un couple tenant de suicider par asphyxier. Prenant son courage à deux mains, Gaspard parvient à sauver la jeune femme mais pas son compagnon. Plus tard, Gaspard croise à nouveau par hasard la jeune femme qui dit s’appeler Audrey. Envoûtante et mystérieuse, Gaspard se sent comme attiré par Audrey. Cette dernière lui parle alors du jeu Black Hole, sorte de monde virtuel dans lequel elle passe ses journées pour y vivre une autre existence. Gaspard décide alors à son de s’inscrire sur Black Hole et de résoudre le mystère qui plane autour d’Audrey…
Au premier abord, L’Autre Monde semble faire parti de ces films dits opportunistes, cherchant à s’emparer du phénomène des mondes virtuels, de la polémique autour de l’addiction des joueurs de jeu vidéo. Pourtant, au fur et à mesure que le film se déroule, on se rend vite compte que cela n’est pas le cas. Non, le film s’attache davantage à tenter de nous raconter une véritable histoire autour du trio Gaspard / Marion / Audrey. On sent le personnage de Gaspard peu à peu tirailler entre la jeune Marion et la femme désirable Audrey. Avant de sombrer quasiment dans la folie amoureuse totalement aveugle, de celle où on est prêt à tout pour arriver à ses fins. Louise Bourgoin (Adèle Blanc-Sec, Miss Météo sur C+) est ainsi particulièrement sublime dans ce rôle de femme fatale : la scène dans la piscine en fera fantasmer plus d’un! Son personnage est paradoxalement plus humain dans le monde virtuel de Black Hole, ne laissant aucune chance à Gaspard qui ne peut que succomber à ses charmes. Grégoire Leprince Ringuet qui interprète Gaspard peine davantage à convaincre malgré son côté naïf et juvénile : on le voudrait plus marqué par la folie engendrée dans son attirance pour Audrey.
Au travers de ce film, Gilles Marchand a voulu montrer que l’Autre Monde, ce n’était pas seulement celui de Black Hole, le monde virtuel : c’est aussi celui du monde des adultes responsables ainsi que celui des interdits comme la recherche de l’au-delà. Avant de connaître Audrey, Gaspard paraît heureux en compagnie de Marion: ils sont jeunes, beaux et s’aiment. L’intervention de l’autorité parentale qu’incarne le père de Marion ramène Gaspard à la réalité, à ses responsabilités. C’est sans doute pour fuir cette forme d’autorité qu’il trouve en Audrey une échappatoire : plus âgée que lui, elle paraît aux yeux de Gaspard comme une femme expérimentée et libérée, prêt à assouvir toutes formes de fantasmes. Gaspard est totalement subjugué par la beauté d’Audrey au point que même les jeux dangereux qu’elle lui propose ne lui font pas peur. L’envie de franchir l’interdit en provenance d’une autorité inhibe toute forme de peur. Le suicide collectif renvoie à la croyance qu’il existe une vie sans doute meilleure dans l’au-delà, une preuve du mal-être que vivent certains adolescents et qui font qu’ils passent parfois à l’acte.
Black Hole se montre plutôt bien réalisé dans son approche… pour un film français malheureusement ! Les séquences tournées dans le monde de Black Hole (que l’on doit au studio créateur du film d’animation Renaissance) sont pourtant remarquablement soignées, avec une approche graphique très noire, froide et inquiétante. Mais on ne peut s’empêcher de penser qu’avec un tel scénario et surtout un tel sujet, Gilles Marchand aurait pu réaliser une production plus ambitieuse. Finalement, on suit gentiment l’intrigue en dépit de quelques longueurs par moment. Un pari audacieux donc pour Gilles Marchand que la réalisation de cette histoire sombre, peut-être trop, qui du coup laisse augurer des choses prometteuses pour la suite, avec plus d’ambitions: espérons-le…
L’Autre Monde sort ce 14 juillet au cinéma.
L'AUTRE MONDE Film Annonce
envoyé par hautetcourt. – Court métrage, documentaire et bande annonce.
7 réponses à “[Critique Ciné] L’Autre Monde”
Mais quelle affiche !!! :love:
Voilà voilà le film a pas l’air extra !
En tout cas l’OST de la BA c’est M83 et c’est vraiment du bon son !!
Mais comment j’ai trop envie de le voir !!!!
Est ce que il existe un jeu tel que Black hole ?
oui, second life
je veux etter un jeueur dans se jeu
Louise a un beau cul. ^^ Et Pauline est mignonne. 🙂
À part ça, le film a du mal à accrocher les spectateurs bien que l’idée de base soit bonne. Cela aurait pu être mieux. Enfin bon, par exemple, le thème du suicide n’est pas réjouissant, ce détail a dû dissuader bien des spectateurs. On peut faire de belles choses sans être morbide, non ? On peut avouer que sans les belles actrices, on ne serait pas allé voir le film, sauf s’il y avait eu par exemple un scénario de film d’action du genre « Wargames ». Dommage…