Voici une nouvelle de Chuck Palahniuk , l’auteur de « Fight Club ». C’est un peu hard quand même. Je crois que ce mec est quand même bien fêlé pour écrire des histoires pareilles.
Ndlr : texte cru .. TRES CRU SI VOUS AVEZ MANGER PASSEZ VOTRE CHEMIN, SI VOUS ETES FACILEMENT CHOCABLE AUSSI … Mais doit bien m’en rester quelques uns !
Les anglophones pourront trouver leur bonheur là : http://www.chuckpalahniuk.net/books/haunted/guts.php
Cette nouvelle est tirée du livre Haunted. Les autres livres de Chuck Palahniuk sont disponibles ici (et ne sont pas tous aussi bizarre que cette nouvelle).
Tripes
par Chuck Palahniuk
(Issu du recueil Haunted)
Traduit de l’anglais par Patrick Baud (3xoc3t@wanadoo.fr)
Prenez autant d’air que vous pouvez.
Cette histoire devrait durer à peu près aussi longtemps que vous pouvez retenir votre souffle, et continuer encore un peu. Alors lisez aussi vite que possible.
Quand il avait 13 ans, un ami à moi entendit parler du « pegging ». C’est quand un mec se fait mettre un gode dans le fion. La rumeur dit que si vous stimulez la prostate assez fort, vous pouvez avoir des orgasmes explosifs sans les mains. A cet age la, ce pote était un petit maniaque sexuel. Il cherchait toujours une meilleure façon de cracher son jus. Il sort donc s’acheter une carotte et de la vaseline. Pour mener une petite expérience privée. Ensuite, il réalise le tableau que ça va donner à la caisse, cette carotte avec un pot de vaseline en train d’avancer sur le tapis roulant. Tous les clients de la queue en train de le fixer. Tous témoins de la grande soirée qu’il se prépare.
Alors, mon pote, il achète du lait, des œufs, du sucre et une carotte, tous les ingrédients pour un gâteau à la carotte. Et de la vaseline.
Comme s’il rentrait chez lui se mettre un gâteau à la carotte dans le cul.
A la maison, il taille la carotte avec un couteau. Il la badigeonne de lubrifiant et se la carre dans le trou de balle. Et là, rien. Pas d’orgasme. Rien ne se passe, sauf que ça fait mal.
Ensuite, ce gosse, sa mère lui crie que c’est l’heure de dîner. Elle lui dit de descendre, tout de suite.
Il retire la carotte et cache la chose immonde et visqueuse dans le linge sale sous son lit.
Apres dîner, il va chercher la carotte. Et elle n’est plus la. Pendant qu’il mangeait, sa mère est venue ramasser toutes ses fringues sales pour faire une machine. Impossible qu’elle n’ait pas trouvé la carotte, soigneusement taillée avec un de ses couteaux de cuisine, encore luisante et nauséabonde.
Ce pote à moi, il reste des mois sous un gros nuage noir et menaçant, attendant que ses parents lui en parlent. Et ils ne le font jamais. Jamais. Même maintenant qu’il est adulte, cette carotte invisible est suspendue au dessus de chaque repas de Noël, chaque anniversaire. A la moindre réunion de famille, cette carotte fantôme flotte au dessus de leurs têtes.
Cette chose trop horrible pour être mentionnée.
En France ils ont une expression: « avoir l’esprit d’escalier. » C’est quand vous trouvez quelque chose à dire, mais trop tard. Par exemple vous êtes dans une soirée et quelqu’un vous insulte. Vous devez dire quelque chose. Mais sous la pression, avec tous les regards dans votre direction, vous sortez une réplique minable. Et au moment ou vous quittez la soirée…
Vous commencez à descendre l’escalier, et comme par magie, vous trouvez la phrase parfaite. La répartie de la mort.
C’est l’esprit d’escalier.
Le problème, c’est que même les français n’ont pas d’expression pour les trucs stupides qu’on dit justement sous la pression. Ces trucs ridicules et désespérés qu’on dit, ou qu’on fait.
Certains actes sont trop pitoyables pour mériter ne serait ce qu’un nom. Trop minables meme pour qu’on en parle.
Avec du recul, les experts en psychologie infantile et les conseillers scolaires disent aujourd’hui que la plupart des suicides d’adolescents sont en fait dus à des gosses qui essaient de s’étouffer pendant qu’ils se branlent. Leurs parents les retrouvent avec une serviette nouée autour du cou, attachés à la penderie de leur chambre, morts. Du sperme mort de partout. Bien sur, les parents nettoient. Ils mettent un pantalon à leur gosse. Ils essaient de rendre ça plus…présentable. Ou du moins intentionnel. La configuration classique d’un triste suicide d’adolescent.
Un autre pote à moi, un gamin de l’école, son grand frère qui est dans la marine lui avait expliqué comment les mecs du moyen orient se branlent différemment de chez nous. Ce frère était affecté dans un pays à chameaux ou on pouvait trouver une sorte d’ouvre-lettre fantaisie sur les marchés. L’objet en question était juste une fine baguette en laiton ou en argent poli, peut être aussi longue que votre main, avec un gros bout a une des extrémités, comme une grosse boule en métal ou un manche décoré façon sabre. Ce frère marin donc lui avait expliqué comment les arabes s’insèrent cette tige de métal dans toute la longueur de la bite. Ils éjaculent avec la tige à l’intérieur, et ça rend le truc encore meilleur. Plus intense.
C’est ce grand frère qui voyage autour du monde, et qui envoie des expressions françaises. Des expressions russes. Des astuces de branlette.
Apres ça, un jour, le gosse ne se présente pas à l’école. Il m’appelle le soir même, et me demande de lui noter les devoirs à faire pour les deux prochaines semaines. Parce qu’il est à l’hôpital
Il doit partager une chambre avec des vieux qui souffrent des intestins. Il dit qu’ils doivent tous partager la même télévision. La seule forme d’intimité qu’il a c’est un rideau. Ses parents ne viennent pas le voir. Au téléphone il me dit qu’à ce moment précis, ses parents voudraient d’ailleurs tuer son grand frère marin.
Au téléphone, le gosse raconte que le jour d’avant, il était juste un peu défoncé. Peinard dans sa chambre, il était affalé sur son lit. Il avait allumé une bougie et feuilletait de vieux magazines porno, prêt à se tirer sur le poireau. C’était après qu’il ait entendu l’histoire du grand frère. Cette astucieuse technique de branlette arabe. Le gosse cherche donc autour de lui quelque chose qui pourrait faire l’affaire. Un stylo bille ? Trop gros. Un crayon? Trop gros, et trop rugueux. Mais au pied de la bougie, il y a un morceau de cire fin et lisse qui pourrait fonctionner. Du bout du doigt, ce gosse arrache le long morceau de cire de la bougie. Il le fait rouler entre ses mains jusqu’a ce qu’il soit le plus long, le plus fin et le plus lisse possible.
Défoncé et excité a la fois, il le fait glisser de plus en plus profondément dans son urètre. Avec un bon morceau de cire toujours visible à l’extérieur, il se met au boulot.
A ce moment la, il se dit encore que les arabes sont vraiment malins. Ils ont totalement réinventé la branlette. Couché sur le dos, les choses se passent tellement bien que ce gosse ne s’occupe pas de savoir ce que devient la cire. Il est sur le point de lâcher la purée quand il s’aperçoit que l’extrémité visible de la tige a disparu.
La fine tige de cire a glissé à l’intérieur. Tout au fond. Si profond qu’il ne la sent même plus à l’intérieur de son urètre.
D’en bas, sa mère lui crie que c’est l’heure de dîner. Elle lui dit de descendre, tout de suite. Le gosse à la cire et le gosse à la carotte sont deux personnes différentes, mais on a tous à peu près la même vie.
C’est après dîner que les entrailles du gosse commencent à lui faire mal. Il s’était imaginé que la cire fondrait et qu’il finirait par la pisser. Maintenant son dos le fait souffrir. Ses reins. Il ne peut plus se tenir debout.
Comme le gosse téléphone depuis son lit d’hôpital, derrière lui on entend des sonnettes tinter, des gens crier. Et des jeux télé.
Les rayons X montrent la vérité crue, quelque chose de long et fin plié en deux dans sa vessie. Ce V long et fin a l’intérieur de lui collecte tous les minéraux dans son urine. Il grossit et devient rugueux, couvert de cristaux de calcium. Il se déplace et abîme la fine surface de sa vessie, empêchant sa pisse de sortir. Ses reins sont saturés. Le peu de choses qui parvient à filtrer de sa queue est rouge sang.
Le gosse est là avec toute sa famille qui regarde les radios aux cotés du docteur et des infirmières, avec ce V phosphorescent qui semble les narguer, et il doit leur dire la vérité. La façon dont les arabes se branlent. Ce que son grand frère marin lui a raconté.
Au téléphone, à ce moment précis, il se met à pleurer.
Ils ont payé l’opération de sa vessie avec l’argent de ses études. Une erreur stupide, et maintenant il ne deviendrait jamais avocat.
S’enfoncer quelque chose à l’intérieur. S’enfoncer à l’intérieur de quelque chose. Une bougie dans la bite ou la tête dans un noeud coulant, on savait que ça finirait mal.
Ce qui a mal fini pour moi, je l’appelle la “chasse au perles”. Ca veut dire se branler sous l’eau, assis au fond de la piscine de mes parents. Je prenais une grande inspiration, j’allais me caler au fond de l’eau et j’enlevais mon maillot. Je restais assis la pendant deux, trois, voire quatre minutes.
Rien qu’avec la masturbation, j’avais développé une grande capacité pulmonaire. Si j’étais seul à la maison, je le faisais toute l’après midi. Quand j’avais balancé la sauce, mon sperme restait la, suspendu en grosses gouttes laiteuses.
Ensuite je plongeais a nouveau, pour tout récupérer. Puis je balançais le fruit de ma collecte sur une serviette. C’est pour ça que ça s’appelait la “chasse aux perles”. Même avec le chlore, il fallait que je pense à ma soeur. Ou, encore pire, à ma mère.
A l’époque, c’était ma peur la plus terrible: j’imaginais ma sœur adolescente et vierge croire qu’elle prenait juste du poids, avant de donner naissance à un bébé débile a deux têtes. Chacune des têtes me ressemblant à moi, le père ET l’oncle.
A la fin, ce n’est jamais ce que vous craignez qui vous arrive.
La meilleure partie de la chasse aux perles, c’était le trou d’évacuation pour la pompe de la piscine. Oui, la meilleure partie, c’était se foutre a poil et s’asseoir dessus
Comme diraient les français: Qui n’aime pas se faire sucer le cul?
L’espace d’un instant, vous êtes juste un gamin qui se branle, et le moment d’après, vous ne deviendrez jamais avocat.
L’espace d’un instant, je m’installe au fond de la piscine, et le ciel bleu clair ondule au dessus de ma tête à travers 4 mètres d’eau. Excepté les battements de mon coeur, le monde est silencieux. Mon maillot à rayures jaunes est autour de mon cou, par mesure de sécurité, au cas ou un ami, un voisin, ou n’importe qui d’autre viendrait me demander pourquoi j’ai raté l’entraînement de foot aujourd’hui. La succion régulière du drain me lape et je frotte mon cul maigrelet pour amplifier la sensation.
L’espace d’un instant, la bite en main, j’ai assez d’air. Mes parents sont au boulot et ma soeur a cours de danse. Personne ne sera de retour avant des heures.
Ma main s’active presque jusqu’au point de non retour, et j’arrête. Je remonte a la surface prendre une grande bouffée d’air. Puis je replonge et me cale au fond.
Je fais ça encore et encore.
C’est sûrement pour ça que les filles veulent s’asseoir sur votre visage. Cette succion donne l’impression de chier à l’infini. En train de me faire bouffer le cul avec la queue dressée, je n’ai pas besoin d’air. Les battements de mon coeur dans les oreilles, je reste sous l’eau jusqu’a ce que des petite étoiles commencent a fourmiller autour de mes yeux. Mes jambes étendues au maximum, le dessous de mes genoux est plaqué au béton. Mes orteils deviennent bleus, et mes doigts commencent à se friper à force de rester dans l’eau.
Et puis d’un coup je laisse venir. Les grosses goutte blanches se mettent a jaillir. Les perles.
C’est la que j’ai besoin d’air. Mais quand j’essaie de prendre appui sur le fond pour remonter, je n’y arrive pas. Je ne peux pas mettre mes pieds sous moi. Mon cul est collé.
Les services d’urgence vous diront que chaque année, environ 150 personnes restent collées de cette façon, aspirées par un drain d’évacuation. Laissez vos cheveux se faire prendre, où votre cul, et vous êtes bon pour la noyade. Chaque année, des tonnes de personnes le font. La plupart en Floride.
Les gens ne parlent jamais de ça. Même les français ne parlent pas de TOUT.
Je lève un genou, je replie un pied, j’arrive à me mettre à moitié debout quand je sens la traction contre mon cul. Je replie mon autre pied et j’essaie de prendre appui contre le fond en donnant des coups. Je réussis à me libérer, mais si je ne touche plus le béton, je n’arrive pas pour autant à la surface.
Je bats des bras et des jambes comme un malade, je suis peut être a mi chemin de la surface mais pas moyen d’aller plus haut. Dans ma tête, les battements de coeur se font de plus en plus violents, de plus en plus rapides.
Des petites étoiles lumineuses plein mon champ de vision, je me retourne et regarde… mais quelque chose n’est pas normal. Du trou d’évacuation sort une fine corde, comme une sorte de serpent blanc-bleu zébré de veines, et elle s’accroche à mon cul. Certaines veines perdent du sang, un sang qui parait noir sous l’eau et qui vient de petites déchirures dans la peau blanchâtre du serpent. Le sang s’écoule doucement, disparaît dans l’eau, et sous la fine peau blanc-bleu du serpent on peut voir des morceaux de nourriture à moitié digérés.
C’est la seule explication possible. Un horrible monstre marin, un serpent de mer, quelque chose qui n’avait jamais vu la lumière du jour s’était caché la, dans les abysses du trou d’évacuation, attendant de pouvoir me manger.
Alors, je lui fous des coups de pieds, dans sa peau veineuse, glissante et caoutchouteuse, et on dirait qu’il en sort d’avantage du drain. C’est peut être aussi long que ma jambe maintenant, mais ça s’accroche toujours aussi fermement à mon trou du cul. Avec un autre battement de pied, je gagne trois centimètres vers l’oxygène. Toujours retenu par le serpent, je suis 3 centimètres plus près de mon évasion.
A l’intérieur du serpent, on peut voir du maïs et des cacahuètes. On peut voir une petite bille orange-clair. C’est le genre de vitamines pour cheval que mon père me donne pour me faire prendre du poids. Pour que je rentre dans l’équipe de l’école. Riches en fer et en acides oméga 3 bien gras.
C’est voir cette pilule de vitamines qui me sauve la vie.
Ce n’est pas un serpent. C’est mon gros intestin, mon colon qui s’arrache littéralement. Ce que les docteurs appellent un prolapsus. C’est mes tripes aspirées dans le drain.
Les services d’urgence vous diront qu’une pompe de piscine filtre 250 litres d’eau à chaque minute. Ça fait environ 200 kg de pression. Le gros problème c’est que dans votre corps, tout est connecté. Votre cul n’est jamais que l’autre extrémité de votre bouche. Si je me laisse aller, la pompe déroulera mes entrailles jusqu’a ce qu’elle ait ma langue. Imaginez vous en train de lâcher une pêche de 200kg, et vous aurez une idée de la sensation.
Ce que je peux vous dire, c’est que vos tripes ne ressentent pas trop la douleur. Pas comme votre peau la ressent. Ce que vous digérez, les docteurs l’appellent matière fécale. Au dessus c’est le chyme, des poches de liquide dégueulasse farcies de maïs, de cacahuètes et de petit pois.
C’est toute cette soupe composée de sang, de maïs, de merde, de sperme et de cacahuètes qui flotte autour de moi. Même avec les tripes en train de me sortir du cul, la première chose que je veux faire est de remettre mon maillot.
Pas question que mes parents voient ma bite.
D’une main je retiens mes intestins, et de l’autre j’essaie donc de récupérer le maillot à rayures jaunes autour de mon cou. Mais pas moyen de rentrer dedans.
Si vous voulez savoir ce que ça fait de toucher vos entrailles, allez acheter une boite de ces capotes en peau d’agneau. Prenez en une et déroulez la. Remplissez la de beurre de cacahuète. Enduisez la de vaseline et tenez la sous l’eau. Ensuite, essayez de la déchirer. Essayez de la plier en deux. C’est trop dur, trop caoutchouteux. C’est tellement visqueux qu’on ne peut pas la garder en main.
Une capote en peau de mouton, c’est du bon vieil intestin.
Vous comprenez ce que je dois endurer.
Vous vous relâchez une seconde, et vous êtes étripé.
Vous nagez vers la surface, pour respirer, et vous êtes étripé.
Vous ne nagez pas, et vous vous noyez.
C’est un choix entre mourir tout de suite ou mourir dans une minute.
Ce que mes parents vont trouver en revenant du boulot, c’est un gros fétus nu et recroquevillé sur lui même. En train de flotter dans l’eau trouble de leur piscine. Attaché au fond par une fine corde de veines et de tripes mêlées. L’exact opposé d’un gosse pendu à cause d’un accident de branlette. C’est le bébé qu’ils ont ramené de l’hôpital voila 13 ans. Voila le gosse qu’ils espéraient voir devenir footballeur et diplômé. Un gosse qui s’occuperait d’eux dans leurs vieux jours. Voila tous leurs espoirs et tous leurs rêves. En train de flotter, nu et mort. De grosses perles laiteuses de sperme gâché tout autour de lui.
Ou alors peut être qu’ils me trouveront enroulé dans une serviette sanglante, gisant à mi chemin du téléphone de la cuisine, les tripes déchirées encore pendantes de mon maillot à rayures jaunes.
Même les français ne parlent pas de ça.
Ce grand frère dans la marine, il nous avait appris une autre expression sympa. Une expression russe. De la même façon qu’on dit “j’ai autant besoin de ça que d’un trou dans la tête”, les russes disent « j’ai autant besoin de ça que de dents au trou du cul ».
Mne eto nado kak zuby v zadnitse.
On dit que certains animaux pris dans des pièges se rongent la patte, et n’importe quel coyote vous dira que quelques morsures peuvent vous sauver la mise
Putain… même si vous êtes russe, un jour vous pourriez vraiment avoir besoin de ces dents.
Autrement, ce que vous devez faire, c’est vous plier en deux. Vous passez un coude sous votre genou, et vous tirez la jambe vers votre tête. Puis vous rongez votre propre cul. Vous manquez d’air, et vous seriez prêt à mordre n’importe quoi pour respirer encore une fois.
C’est pas le genre de truc qu’on raconte a une fille pour un premier rendez vous. Pas si on veut avoir un bisou.
Si je vous disais le goût que ça avait, vous ne mangeriez jamais plus de calamar.
Je ne sais pas ce qui a le plus dégoûté mes parents: comment je me suis mis dans le pétrin, ou comment je m’en suis sorti. Apres l’hôpital, ma mère m’a dit: « Tu ne savais pas ce que tu faisais mon chéri. Tu étais en état de choc. » Puis elle a appri à faire des oeufs pochés.
Tous ces gens dégoûtés ou qui se sentent désolés pour moi…
J’ai autant besoin de ça que de dents au trou du cul.
Aujourd’hui, on me dit toujours que je suis trop maigre. Dans les repas, les gens font la gueule quand je ne mange pas le rôti qu’ils ont préparé. Mais le rôti me tue. Le jambon aussi. Tout ce qui reste dans mes intestins plus de quelques heures ressort intact. Haricots verts ou thon en morceaux, je les retrouverais toujours tels quels dans les toilettes.
Apres une sérieuse réduction des boyaux, on ne digère plus la viande aussi bien. La plupart d’entre vous a environ 2 mètres de gros intestin. J’ai de la chance d’avoir mes 13 centimetres. Alors je n’ai jamais été pris dans l’équipe de foot. Je n’ai pas été reçu dans une grande école. Mes deux potes, le gosse a la carotte et le gosse a la cire, ils ont grandi, ils ont pris du poids, mais moi je n’ai jamais pesé un gramme de plus que quand j’avais 13 ans.
Un autre gros problème c’est que mes parents ont dépensé pas mal d’argent pour cette piscine. A la fin, mon père a dit au réparateur que c’était un chien. Le chien de la famille était tombé et il s’était noyé. Le cadavre s’était fait aspirer par la pompe. Même quand le réparateur a ouvert le filtre et qu’il y a trouvé un morceau d’intestin avec une pilule de vitamine orange encore à l’intérieur, mon père a juste dit : « Ce chien était barge ».
Depuis la fenêtre de ma chambre, on pouvait entendre mon père dire : “On a jamais pu laisser ce chien seul plus d’une seconde”.
Puis ma soeur a eu du retard dans ses règles.
Même après avoir changé l’eau de la piscine, même après avoir vendu la maison et déménagé dans un autre état, et même après l’avortement de ma soeur, mes parents n’ont jamais plus mentionné cette histoire.
Jamais.
C’est notre carotte invisible.
Vous. Maintenant, vous pouvez respirer un grand coup.
Je ne l’ai toujours pas fait.
Fin
5 réponses à “Tripes par Chuck Palahniuk”
Je suis peut être ouf mais j’ai lu mais apres les fantasmes anal cet homme
Hummm merci max pour ce magnifique interlude. Bon je pense que je vais plus regarder la piscine de la même façon … surtout le fond de la piscine.
Ah, une question : ça fait pareil avec un aspirateur ?
bon, j’aurais peut être pas du lire… maintenant j’ésite entre aller vomir et heu aller vomir… en tout cas ce qui est sur c’est que je n’irais pas à la picine de si tôt!!!
Merci pour cet instant de poésie!
moi je trouve ça tres marrant et tres fort.. je comprends pas vos reactions… bon daccord je ne l’ai pas lu dutout mais comme meme..
Gloire aux maître des mots, Chuck, non pas Norris, mais Palahniuk.