# Réflexion

Le Jeu vidéo Collector – Partie 2

Voici la seconde partie de notre dossier sur les collectors: c’est parti!

L’édition limitée

uncharted2coll.jpgSur ce marché, une édition limitée désigne un jeu produit en quantités limitées et numérotées, même si ce chiffre peut se montrer très élevé. Il s’agit en générale d’un coffret contenant la version la plus complète du produit, en générale sa version collector, pouvant comporter en supplément la signature d’une personnalité importante ou liée au jeu (créateur, développeur), et/ou pouvant contenir des goodies (produits dérivés du jeu : artwork, artbook, gadgets) conçus spécialement pour cette édition par les concepteurs du jeu. On pourra ainsi citée l’exemple récent du jeu Uncharted 2 qui contenait le jeu, un artbook, une box et la réplique authentique d’un poignard issu du jeu : cette édition fut tirée en 200 exemplaires numérotées aux Etats-Unis exclusivement.

L’édition spéciale

final-fantasy-x-international.jpgUne édition spéciale s’explique par l’ajout à la version standard de suppléments inédits. Ce qui explique que les DVD de films sont par définition quasi-systématiquement des éditions spéciales puisque vous retrouverez toujours des ajouts par rapport à la version vue en salle (langues, making-of, bonus, etc.). Je citerai pour exemple la version internationale de Final Fantasy X : l’édition européenne sortie près d’un an après celle japonaise, bénéficiait de quelques apports par rapport à son homologue comme les voix en anglais, de nouveaux combats, des cinématiques supplémentaires et un DVD bonus intitulé Beyond Final Fantasy avec interviews et bandes annonces promotionnelles du jeu.

On notera que ce terme tant à tomber en désuétude au profit de celui de collector : en effet, la démocratisation des contenus inédits à téléchargés en ligne remette en cause l’existence même de l’édition spéciale. Un éditeur préférera aujourd’hui sortir une version standard et des contenus supplémentaires que l’acheteur devra acquérir par lui-même après avoir lâché quelques deniers en ligne. Cela permet également au distributeur de lancer le produit plus rapidement sur le marché face à la demande, mais sans toutefois se soucier des attentes de l’utilisateur en terme de contenus qui devra patienter. Un phénomène qui se généralise de plus en plus, au point de voir débarquer des jeux trop court, inachevé ou avec des phases test debug quasiment zappés. lastremnant.jpgLes exemples dans le domaine ne manquent pas : on pourra citer en exemple récent des jeux comme le RPG de Squarenix, Last Remnant, célèbre par son moteur tournant régulièrement au ralenti et rempli de bugs ; ou encore le dernier jeu de combat KOF XII dont le contenu rachitique en terme de modes de jeux bien loin des standards actuellement sur le marché aura fait hurler au sacrilège des joueurs du monde entier.

L’édition collector

Une édition collector est une forme dérivée d’une édition spéciale. On parle de collector en générale quand on se trouve en présence du produit standard dans sa version la plus complète. Des goodies peuvent également accompagner le jeu. A l’origine, ce mot anglais désigne simplement un collectionneur. Mais l’usage a voulu que le mot « collector » devienne ambigu : il est à la fois substantif et qualitatif, désignant que les objets et reste invariable. C’est devenu un pur produit de la sous- culture de la société de consommation. Ce sont surtout les publicitaires qui ont intégré ce mot dans le jargon et en ont fait une justification d’achat dans le slogan publicitaire. Ainsi n’importe quel objet de consommation peut devenir « collector » en ce sens que le discours marketing ne cherche plus à le vendre en tant que tel (c’est-à-dire pour l’usage pour lequel il a été fabriqué), mais en tant que rareté ou objet de collection. Ce qui aujourd’hui est rarement le cas, pour de simples raisons de stratégie marketing. L’absence de mention claire sur la quantité produite de cette version nuit indéniablement à la valeur de l’objet.

Street-Fighter-IV-PS3-collector.jpg

A titre d’illustration, je citerai la version collector européenne du jeu Street Fighter IV : cette version en plus du jeu était accompagnée d’un blu-ray (ou DVD selon la version) contenant un animé inédit, de deux figurines, Ryu et Viper, dans une boîte cartonnée décorée. Excès de confiance ou pas : la quantité produite par Capcom de cette version s’écoula péniblement dans les magasins, la faute au prix du produit et à la qualité des goodies inclus. Au point de voir les étalages des magasins pleines de ces versions mais en rupture sur la version standard : un comble pour un produit annoncé comme rare !

Le Double Dipping

gameboy.jpgLe « double-dipping » quant à lui est un phénomène plus récent: il se dit en générale d’un jeu en fin de vie et que l’éditeur décide de remettre en vente avec des petites modifications ou ajouts partiels mais suffisants pour inciter le consommateur à se procurer de nouveau le jeu. L’éditeur n’y trouve alors que des avantages: un investissement minime en terme de développements puisque déjà rentabiliser ; le profit facile reposant sur la base existante de fans et l’accroche de nouveaux clients ; l’anéantissement du marché parallèle de l’occasion. On retrouve également une forme de double – dipping dans les sorties de multiples versions d’un même jeu, avec pour principale différence une couleur de cartouche ou un objet/personnage propre à chaque version. Nintendo fut ainsi l’un des premiers à s’être fait le spécialiste de cette technique marketing par l’intermédiaire de sa série de jeu Pokemon sur console portable : ceci aura permis à l’éditeur d’écouler des millions d’exemplaires au travers le monde d’un même jeu. Et on ne compte plus le nombre de versions existantes : vert, jaune, bleu, rouge, saphir, émeraude, diamant, cristal et j’en passe.

==> Prochainement: Chapitre 3 – Le Jeu vidéo Collector: quelle assurance pour le consommateur? A lire: Chapitre 1 – Le Jeu vidéo Collector: les origines

à suivre

Commentaires

3 réponses à “[Réflexion] Le Jeu vidéo Collector – Partie 2”

  1. Praska dit :

    L’édition de street en Fr est une petite déception mais je ne pouvais pas attendre ! c’est fou, j’ai annuler ma super version américaine pour la française, il y avait le BR ça c’était cool mais le pack habit + figurines étaient un peu cheap !

    Après j’aime bien ta façon de mettre un nom sur tout, espère que les éditeurs liront un jour ce dossier! ( même si ils savent déjà tout !)

  2. Jujumemess dit :

    Merci pour cette suite de votre excellent dossier. 🙂

    Je ne connaissais pas du tout le terme « Double Dipping », j’aurais appris quelque chose ! LOL

  3. Je suis tout à fait d’accord sur tout le passage lié à l’utilisation du mot collector et à sa dérive « l’usage a voulu que le mot « collector » devienne ambigu : il est à la fois substantif et qualitatif, désignant que les objets et reste invariable ». Aujourd’hui, on voit le mot collector employé de manière vraiment limite (pas seulement dans le domaine du jeu vidéo). Collector ne signifie, à mes yeux, plus grands choses…

    Bien joué pour l’illustration des Pokémon. Le nombre de déclinaisons était fou à l’époque.

    Geoffroy du site Objets Publicitaires

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